Il fait beau ce matin, la mer est d’huile, l’endroit est silencieux. Nous profitons de cette belle plage de sable blanc quand imperceptiblement, quelques rides viennent perturber la tranquillité de cette eau transparente. Peu à peu, le lagon si paisible blanchit, agité par un clapotis assez désagréable. Nous percevons la montée en puissance d’une petite brise persistante. Les vagues passent à l’action. Les bateaux au mouillage s’agitent inconfortablement pour leurs capitaines et leurs équipages. La barrière de corail subit les assauts de plus en plus puissants des rouleaux chargés d’écume et poussés par la forte houle du Pacifique haute de 3 à 6 mètres. Les palmiers entrent dans la danse et, balançant leurs grandes palmes bien grasses, laissent choir au passage quelques noix de coco devenues de dangereux projectiles. Puis les rafales se succèdent, de plus en plus fortes et insistantes, s’engouffrant partout. Les portes claquent, les nuits fraîchissantes deviennent bruyantes, la température chûte de quelques degrés au passage. C’est le mara’amu, capricieux vent polynésien qui sévit entre juillet et septembre, au cœur de l’hiver austral et en pleine saison sèche. Les archipels bercés par les vents et habitués au souffle chaud des alizés, sont soudainement soumis à ce souffle de sud-est puissant qui, à la façon d’un mistral surgit et s’invite quelques heures, ou quelques jours selon son humeur.
Puis, comme il est venu il s’en va. La surface du lagon redevient huileuse, la ligne blanche de la barrière de corail perd son épaisseur et les kitesurfs sont remisés en attendant le prochain coup de mara’amu.
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