Fakarava, confetti égaré au milieu du Pacifique, est composée d'un ensemble de 7 atolls tous préservés et classés réserve de biosphère par l'Unesco. C'est un paradis où les populations cohabitent en harmonie avec la nature. Là où le bleu du ciel se confond avec celui du lagon, l'unique route plus troublée par le frémissement des cocotiers penchés sur la plage que par les voitures, conduit à une unique école. Les rideaux fleuris flottent au vent sur les façades des maisons qui n'ont pas toujours de fenêtres.
La plupart des habitants vivent dans le village de Rotoava où l'effervescence règne à chaque escale du cargo ravitailleur. Ici l'eau est rare. On l'économise et on stocke dans des grosses cuves celle qui tombe du ciel pour faire le complément. Au sud, l'internet haut-débit n'a fait sa timide apparition qu'il y a deux ans. C'est la simplicité absolue. Pas d'industries. On vit de la pêche, du coprah, de la perle, de la plongée, du tourisme...rien d'agressif. Les habitants sont très attachés à leur île.
Deux passes nord et sud, ouvrent la porte sur le Pacifique. Ce sont elles qui nous ont attirés dans cet endroit sublime et reculé. Le célèbre mur de requins de la passe sud exploré par Laurent Ballesta (photographe naturaliste) et objet d'un documentaire. Il fallait voir ça.
Rendez-vous est pris avec le centre de plongée. Premier briefing, on nous annonce la couleur. Nous commençons par la passe nord pour deux plongées qui s'annoncent "techniques". Beaucoup de courant, nous sommes prévenus. Munis des caméras pour ne pas en perdre une miette, nous plongeons tous en même temps. Derniers "checks" à la surface et nous nous laissons descendre doucement dans les profondeurs de la passe. Nous avons basculé dans un autre monde. Ces eaux de cristal abritent des nuées de poissons de toutes formes, de toutes tailles, de toutes les couleurs. Nous sommes tombés dans un aquarium profond de trente mètres. La circulation est dense. Nous ne savons plus ou donner des yeux. Le spectacle de cette faune est saisissant. Proies et prédateurs cohabitent le long de ces murs de corail. Nous nous engouffrons à leur suite dans les canyons, emportés par le courant à une vitesse incroyable. Pas besoin de palmer, il suffit juste de tenir le cap. Gare aux collisions quand même ! Nous pénétrons parfois dans des bancs de poissons si denses, que l'on ne voit pas la sortie. Ils nous frôlent avec grâce sans jamais nous toucher.
Le lendemain, c'est la passe sud (enfin) que nous rejoindrons après une heure trente à bord d'un poti marara lancé sur le lagon. Arrivée à Tetamanu, paisible hameau avec sa chapelle de corail et sa quinzaine d'habitants qui vivent presque dans l'eau.
Nous les quittons pour nous immerger à trente mètres au milieu d'un jardin de corail semblable à des pétales de roses, habité de petits poissons curieux qui se collent à nous pour un bout de chemin. Puis nous arrivons sur le mur de requins que nous regardons évoluer, ébahis. Pas le temps d'avoir peur, la curiosité l'emporte. Le spectacle est fascinant. Une autoroute à sens unique aux heures de pointe. Tous dans le même sens, portés par le courant. Il y en a partout où le regard se porte. 400 en temps normal. Tapis dans une grotte profonde pour observer de près ces squales à l'oeil torve et au sourire narquois indifférents à notre groupe, nous en prenons plein la vue. Mérous, raies aigles, demoiselles, poissons flûte, papillons, labres de toutes sortes, napoléons, passent au second plan.
Cinquante minutes plus tard, nous entamons notre remontée pour terminer dans une piscine naturelle ou évoluent paisiblement les napoléons, dans 1,5 mètres d'eau. Un spectacle incroyable.
Nous retrouvons doucement l'indolence des îles, attendus par Mana qui nous a concocté un délicieux repas, sur la plage que nous savourerons avant de remonter vers le nord.
Merveilleuse Fakarava.
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